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Life's a bitch
14 juillet 2004

Le labo - 8

RONAN
    Ronan était soulagé d'être accepté à l'émission. Cela faisait maintenant six mois qu'il n'arrivait pas à se renouveler, qu'il manquait d'inspiration. Six moi qu'il ne créait que des choses médiocres, des tableaux ternes et sans intérêts, des sculpture conventionnelles, des œuvres d'art consensuelles.  Il commençait à avoir des problèmes d'argent, car aucune de ces œuvres ne se vendait. Il avait réussit à trouver un arrangement pour quatre mois supplémentaires avec son propriétaire, après il devrait abandonner son atelier s'il ne trouvait une solution à son problème.
    Il espérait que cette émission lui permettrait de trouver de nouveaux thèmes intéressants, qu'elle lui apporterait une expérience qu'il pourrait retranscrire dans son art. Elle pourrait peut être lui permettre également de se faire un peu de pub à peu de frais. Enfin, elle devrait lui permettre d'économiser un peu d'argent, tout étant payé par la production.
    Il avait passé l'audition un peu par désespoir, il cherchait à ce moment là tout ce qui pouvait lui permettre de retrouver son inspiration. A l'époque, il avait pensé que seule l'audition aurait suffis, mais cela s'était finalement révélé insuffisant. Le seul tableau intéressant qu'il avait fait lui avait permis de payer sa dette la plus importante, le reste était en train de moisir dans sa réserve. Il allait sans doute resservir pour ses toiles suivantes, par économie.
    Il avait bien apprécié l'audition. Il avait pu parler art avec un des assistants et la secrétaire de production. Le courant était bien passé. Même le directeur de production l'avait mis à l'aise, il s'était même renseigné sur les œuvres qu'il avait déjà vendu. Ils n'avaient pas cherché à le piéger avec des questions vaches, il les avait trouvés honnêtes. Seul un drôle de personnage en blouse blanche l'avait un peu décontenancé en lui demandant s'il supportait bien la douleur. Tout le monde avait rigolé, mais il se demandait si la personne n'était pas sérieuse.
    En regardant la liste des affaires à emporter, il maugréa légèrement. Il n'avait droit qu'à trois objets personnels, et cela le chiffonnait. Il n'allait pas pouvoir emmener de matériel pour créer des sculptures. Peut-être trouverait-il des choses utiles sur place. Il opta donc pour emmener du matériel de peinture : une boite de tubes d'acrylique, une boite de toiles cartonnées car des toiles sur châssis auraient pris trop de place, et enfin une boite de pinceaux avec une palette. Il aurait aimé emporter son chevalet, mais c'était vraiment trop volumineux.
    Il remplit sa valise avec des vêtements pratiques et confortables. Chemises à manches larges, pantalons bouffants, blouses de travail, chaussures en toile et un béret en cas d'ensoleillement. Il aimait sacrifier à l'image d'Epinal de l'artiste, il s'était même laissé pousser une fine moustache. Un fois, il s'était amusé à parler à des touristes en roulant les r, comme le faisaient les acteurs du début du vingtième siècle.
    Il était tellement excité qu'il ne parvint pas à s'endormir la veille de son départ. Au lieu de ça, il passa la nuit assis sur le toit de son atelier, à dessiner la silhouettes des immeubles se découpant dans la nuit, à la lueur de sa bougie. Le dessin était la seule chose qu'il arrivait à faire correctement ces derniers temps, à condition qu'ils n'occupent pas une surface trop importante. Aux premières lueurs de l'aube, il redescendit, attrapa sa valise, sortit, et se dirigea vers la bouche de métro la plus proche.
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Commentaires
F
pétard mouillé...
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