30 juin 2004
Le labo - 1
FATIMA
Fatima était la fille la plus heureuse du monde. C'était une jeune beur de vingt ans, qui habitait seule dans un petit appartement de cité HLM. Elle avait quitté sa famille deux ans auparavant, pour éviter le mariage forcé. Elle savait que ses frères la recherchaient encore, mais dans une autre ville. Elle vivotait en acceptant des petits boulots dans une aganece d'intérim : ménages, supermarchés, secrétariat, tout ce genre de boulot peu payé. Elle avait parfois du mal à joindre les deux bouts, mais au moins elle était libre. Elle n'avait pas de petit amis, juste une amie avec qui elle sortait parfois le soir. Elle possédait aussi un chat, qu'elle avait appelé Khazel, car c'était le nom de l'âne de son grand-père, sur lequel elle aimait monter quand elle était petite.
En ouvrant le courrier du jour, elle avait appris qu'elle était sélectionnée pour le jeux. Elle n'en croyait pas sa chance, elle qui avait toujours été rejetée de partout, des boites, des restaurants et même parfois des hôtels ; elle allait pouvoir s'afficher sur tous les écrans du pays. Elle avait lutté dur pour en arriver là, elle avait subit cinq castings, de plus en plus exigeants. On l'avait sondée, questionnée, on avait fouillé son passé et sa vie privée. Elle avait du se plier à trois experts psychiatre, prouver qu'elle n'avait pas de problème de santé récurant et qu'elle était capable de s'adapter à toutes les situations. Bref, que c'était une battante.
Et elle était sélectionnée. Elle allait pouvoir participer à cette émission, et peut-être gagner le gros lot. Un emploi à vie dans le secteur de son choix. Il faut dire que la boîte de production appartenait à un grand groupe qui détenait des sociétés dans tous les domaines. Il s'agissait à l'origine d'une simple société de BTP, mais elle avait énormément grossis et racheté les plus prestigieuses entreprises du pays : elle était maintenant présente dans la communication, l'agroalimentaire, la culture, la pharmacie, l'énergie, l'eau et dans de nombreux domaines industriels. Son PDG, Martin De Coldi avait été élu cinq fois de suite " manager de l'année ". Le groupe était surnommé La Française, tellement il avait d'importance dans le pays.
Elle ne savait pas exactement en quoi consistait l'émission, les producteurs voulaient garder la surprise. Elle savait juste qu'il s'agissait de télé-réalité, mais avec un concept assez nouveau. Elle savait qu'elle n'aurait pas à chanter, jouer l'actrice ou exercer une activité artistique. Les principales conditions étaient une bonne forme physique, une santé mentale irréprochable et une culture générale assez élaborée, surtout en science. Elle avait bien fait de continuer la natation et la lecture. Elle était d'une nature curieuse et adorait apprendre de nouvelles choses. Pour elle, d'ailleurs, cette émission était l'occasion de satisfaire sa curiosité.
La lettre contenait aussi une liste de choses à emmener, ainsi qu'une liste d'objets dont elle devait en choisir trois. Elle décida de prendre un livre, un disque et un lecteur de CD portable. Enfin, elle avait un certain nombre de formulaires à remplir, dont une feuille certifiant ne pas poursuivre la production pour quelque raison que ce soit. Cette dernière l'inquiéta un peu, mais elle se dit qu'elle pourrait toujours quitter l'émission en cas de problème. La dernière feuille, enfin, contenait juste une phrase qu'elle devait apprendre par cur. Cette phrase disait " Le biniou du bagad est bigarré ". Elle haussa les épaules et commença à préparer sa valise. L'émission commençait le lendemain.
Elle ne mit pas trop de temps à la préparer. Elle n'avait en effet pas beaucoup de vêtements, par manque d'argent et de goûts pour le shopping. Juste des hauts basiques noirs, quelques tee-shirts verts et trois paires de jeans. Elle avait aussi quelques sous-vêtements, une paire de rangers et un long manteau gris. Pas de bijoux, si ce n'est un pendentif avec un croissant, un petit foulard mauve et une barrette. Elle ajouta son nécessaire de toilette, quelques tampons, pas de maquillage, car elle était allergique, et un petit flacon de parfum, souvenir de sa grand-mère disparue.
Elle passa ensuite un coup de téléphone à son amie, afin qu'elle puisse garder Khazel, un autre à l'agence d'intérim pour la prévenir de son indisponibilité et un dernier à sa mère pour lui dire qu'elle allait bien. Elle alla ensuite se coucher. Le lendemain, elle irait placer son chat, puis elle se rendrait directement au studio. La nuit, elle rêverait d'un monde nouveau, où elle serait un peu le centre du monde, et où elle serait enfin respectée pour ce qu'elle est : une jeune beurette qui essaye tant bien que mal de rester à flots.
Fatima était la fille la plus heureuse du monde. C'était une jeune beur de vingt ans, qui habitait seule dans un petit appartement de cité HLM. Elle avait quitté sa famille deux ans auparavant, pour éviter le mariage forcé. Elle savait que ses frères la recherchaient encore, mais dans une autre ville. Elle vivotait en acceptant des petits boulots dans une aganece d'intérim : ménages, supermarchés, secrétariat, tout ce genre de boulot peu payé. Elle avait parfois du mal à joindre les deux bouts, mais au moins elle était libre. Elle n'avait pas de petit amis, juste une amie avec qui elle sortait parfois le soir. Elle possédait aussi un chat, qu'elle avait appelé Khazel, car c'était le nom de l'âne de son grand-père, sur lequel elle aimait monter quand elle était petite.
En ouvrant le courrier du jour, elle avait appris qu'elle était sélectionnée pour le jeux. Elle n'en croyait pas sa chance, elle qui avait toujours été rejetée de partout, des boites, des restaurants et même parfois des hôtels ; elle allait pouvoir s'afficher sur tous les écrans du pays. Elle avait lutté dur pour en arriver là, elle avait subit cinq castings, de plus en plus exigeants. On l'avait sondée, questionnée, on avait fouillé son passé et sa vie privée. Elle avait du se plier à trois experts psychiatre, prouver qu'elle n'avait pas de problème de santé récurant et qu'elle était capable de s'adapter à toutes les situations. Bref, que c'était une battante.
Et elle était sélectionnée. Elle allait pouvoir participer à cette émission, et peut-être gagner le gros lot. Un emploi à vie dans le secteur de son choix. Il faut dire que la boîte de production appartenait à un grand groupe qui détenait des sociétés dans tous les domaines. Il s'agissait à l'origine d'une simple société de BTP, mais elle avait énormément grossis et racheté les plus prestigieuses entreprises du pays : elle était maintenant présente dans la communication, l'agroalimentaire, la culture, la pharmacie, l'énergie, l'eau et dans de nombreux domaines industriels. Son PDG, Martin De Coldi avait été élu cinq fois de suite " manager de l'année ". Le groupe était surnommé La Française, tellement il avait d'importance dans le pays.
Elle ne savait pas exactement en quoi consistait l'émission, les producteurs voulaient garder la surprise. Elle savait juste qu'il s'agissait de télé-réalité, mais avec un concept assez nouveau. Elle savait qu'elle n'aurait pas à chanter, jouer l'actrice ou exercer une activité artistique. Les principales conditions étaient une bonne forme physique, une santé mentale irréprochable et une culture générale assez élaborée, surtout en science. Elle avait bien fait de continuer la natation et la lecture. Elle était d'une nature curieuse et adorait apprendre de nouvelles choses. Pour elle, d'ailleurs, cette émission était l'occasion de satisfaire sa curiosité.
La lettre contenait aussi une liste de choses à emmener, ainsi qu'une liste d'objets dont elle devait en choisir trois. Elle décida de prendre un livre, un disque et un lecteur de CD portable. Enfin, elle avait un certain nombre de formulaires à remplir, dont une feuille certifiant ne pas poursuivre la production pour quelque raison que ce soit. Cette dernière l'inquiéta un peu, mais elle se dit qu'elle pourrait toujours quitter l'émission en cas de problème. La dernière feuille, enfin, contenait juste une phrase qu'elle devait apprendre par cur. Cette phrase disait " Le biniou du bagad est bigarré ". Elle haussa les épaules et commença à préparer sa valise. L'émission commençait le lendemain.
Elle ne mit pas trop de temps à la préparer. Elle n'avait en effet pas beaucoup de vêtements, par manque d'argent et de goûts pour le shopping. Juste des hauts basiques noirs, quelques tee-shirts verts et trois paires de jeans. Elle avait aussi quelques sous-vêtements, une paire de rangers et un long manteau gris. Pas de bijoux, si ce n'est un pendentif avec un croissant, un petit foulard mauve et une barrette. Elle ajouta son nécessaire de toilette, quelques tampons, pas de maquillage, car elle était allergique, et un petit flacon de parfum, souvenir de sa grand-mère disparue.
Elle passa ensuite un coup de téléphone à son amie, afin qu'elle puisse garder Khazel, un autre à l'agence d'intérim pour la prévenir de son indisponibilité et un dernier à sa mère pour lui dire qu'elle allait bien. Elle alla ensuite se coucher. Le lendemain, elle irait placer son chat, puis elle se rendrait directement au studio. La nuit, elle rêverait d'un monde nouveau, où elle serait un peu le centre du monde, et où elle serait enfin respectée pour ce qu'elle est : une jeune beurette qui essaye tant bien que mal de rester à flots.
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